lundi 19 janvier 2009

Abstrackt Keal Agram



Il y a des soirées comme cela où votre unique souhait est de vous abandonner, profiter de ces moments hors contrôle où rien ne vous est interdit et consumer sans modération les endorphines chimiques que la société nous fournit (j’ai nommé notamment l’alcool). Mettre en pause sa responsabilité, occulter certaines choses pendant ce cours instant de bonheur superficiel, bouger son cul sur des musiques douteuses et donner libre cours à sa partie animale.
Les soirées étudiantes type école de commerce donnent alors des opportunités parfaites. Lors de l’une d’entre elles (soirée finale de nos amis défunts Majes’team pour ne pas la citer), j’ai donc accompli ce schéma facile certes, mais étrangement nécessaire. Je ne décrirai pas mon état final sur les coups de 6h du matin mais certains d’entre vous sur le chemin du retour, en sortant de la Géode, ont probablement croisé une bête, rugissant seule dans la nuit, ce cri oppressant : « Putain Abstrackt Keal Agram les mecs !!! Abstrackt Keal Agram !!! ». Malgré son irrationalité la plus profonde, l’être inconscient et totalement désinhibé que j’étais, Ipod en main, ne pouvait que se prosterner devant le gigantisme du son écouté. Démonstration suprême de la transcendance dans laquelle certains groupes peuvent vous foutre.
Il existe des groupes dont l’impact de la première écoute vous met le cul par terre, perdu devant la tempête sensitive subie. Abstrackt Keal Agram aka AKA (ahah!) est de cette trempe. Duo de musique électronique venu direct de la planète Bretagne, AKA est composé de Tanguy Destable (alias Tepr) et Lionel Pierres (alias My Dog Is A Gay). Les deux bonhommes ont eu, en l’espace de 4 ans (de 2001 à 2004), le temps de nous pondre 3 albums (Abstrackt Keal Agram, Cluster Ville et Bad Thriller) soit 33 morceaux (décidément le chiffre 3 est vraiment un truc ultra redondant) avant de mettre fin à leur magique aventure. Oui magique, n’ayons pas peur des mots, car l’univers d’AKA, emmène loin, très loin, très très loin, à de multiples stratosphères au dessus de la réalité. La musique d’AKA, c’est avant tout la bande son idéale pour les sorties urbaines nocturnes de loups solitaires, la garantie d’une expérience aussi puissante que mystique. D’une créativité exceptionnelle, chaque morceau possède son atmosphère particulière mais le résultat produit est toujours identique : sublime. Entre rythmiques hip hop, post-rock et électro, AKA développe un monde quasi-cinématographique (« Soupir Articulé », « Bad Thriller »), une peinture urgente d’ambiances à travers un amas de sensations. On n’est pas loin ici d’une contemplation auditive. Les ambiances sont sombres, pesantes (« Octagone Vierge »), même fantomatiques (« Nietzsche ») et à la fois aériennes, gracieuses et au combien envoutantes. C’est en mélangeant beats menaçants, sons improbables, breaks déstructurés, chevauchés synthétiques (« Rivière »), claviers mélodieux et rythmes fracassés qu’AKA réussit cette symbiose parfaite permanente entre assombrissement et éclaircissement. Et quand AKA profite de ses sonorités hip hop torturés pour s’offrir des featurings de qualité avec des artistes hip hop comme La Caution & James Delleck (« L’Oreille Droite »), Arm de Psykick Lyricah (le magistral « Et La Nuit S’Eternise ») ou encore Atoms Family (« Street Lamp Confession », « Mata-Hari »), ces associations se révèlent d’une puissance folle. « Sallad », « Audiocrash », « Diskoboy », « L’élément Fédérateur » et « Yo, rap! » doivent naturellement s’ajouter à la panoplie de titres déjà cités, mais le reste en mériterait autant.... Richesse et variété, limite schizophréniques, ne peuvent que faire de ce groupe, l’un des maitres de l’Abstract Hip Hop/électro.
Il est à noter que durant les années AKA, Tepr a prolongé la magie en sortant en 2003 son premier album solo, le dénommé The Deadly Master Of Rappers From Hell. Pure tuerie également qui mériterait à elle seule un autre article.
Aujourd’hui, les chemins des deux bretons se sont donc malheureusement séparés. Lionel Pierres se concentre dorénavant sur le projet Fortune tandis que Tepr prolonge sa carrière solo. Ce dernier a eu le temps de sortir 2 nouveaux albums (Côte Ouest et En Direct De La Côte), de bosser pour Yelle et de faire évoluer sa musique de manière à d’avantage plaire au consortium tectonikien /électro hype de jeans slimés et de mèches rebelles (snif). Mais bon, il peut dignement vendre son âme et récolter la gloire et tout ce qui va avec…
Me voilà donc à court de superlatifs, signe que je dois mettre un point final à cet article. Je ne vois ici qu’une conclusion possible :
« Putain, Abstrackt Keal Agram les mecs !!! Abstrackt Keal Agram !!! »
La boucle est bouclée.

3 commentaires:

Romain La Rocca a dit…

Un groupe mythique, vraiment incroyable et envoutant, je m'en lasse pas.

Anonyme a dit…

Je me retrouve tellement dans ton article c'est magique :)

Un groupe absolument magnifique (découvert à Nantes by Fac en live : très très très belle surprise)

A écouter de toute urgence pour ceux qui ne connaissent pas.

merci !

MMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMM a dit…

Un groupe superbe qui a notamment travaillé à la BO de films X de Jack Tyler (cf Technikart !!!)... ils apparaissent en live dans l'un d'eux, Propriété Privée. L'actrice fétiche du réalisateur, Tiffany Hopkins, a travaillé avec le groupe collaborant en particulier au chœurs sur certains de leurs morceaux.