lundi 19 janvier 2009

Menu Maxi Best of 2008



Hiérarchiser le magma musical que fût 2008, n’est pas vraiment une tâche aisée. L’exercice paraît même improbable… Des heures d’écoute de centaines de chansons pour finalement décréter « Bon, les mecs, c’est bon, album 1 un tel, meilleur que album 2, lui-même au dessus de l’album 3 ». Comment figer dans le temps quelque chose d’aussi évolutif que la musique? La vérité d’aujourd’hui ne sera certainement pas la même que celle de demain. Incertitude, doute, déchirement pour les oubliés, remise en cause perpétuelle, voilà ce dont souffre tout mélomane se lançant dans cette grande aventure de clôture de compte (ami comptable…). D’autre part, la démarche paraît tellement subjective qu’en y réfléchissant l’aspect dictatorial du « c’est çà le mieux ! » me froisse un peu. A trop y réfléchir donc, impossible de trouver cet équilibre parfait qui te fera dire « Ok, c’est celui là ». Mais devant la frénésie ambiante que suscite l’opération « Best Of », je ne pouvais que mettre mon grain de sel et apporter ici même une seconde vision de l’année 2008. Je m’en vais donc, plutôt à l’instinct et sans une grande réflexion, vous lâcher mon top à moi du mien qui m’est propre.


Meilleur album rock :
1) Bloc Party – Intimacy
Il faut déjà resituer le contexte de la sortie de l’album. Un mois d’août désertique quand soudain, au milieu de nulle part, Kele et sa bande sortent le grand orchestre : « Salut les gars, notre album sera disponible sur le net dans 3 jours ». Wow ! En tant que fan de la première heure, l’effet de surprise fut aussi exaltant qu’un roulette-doublecontact-frappepointue-but de Gourcuff (ami parisien…).Restait le plus important : la matière. Et là confirmation : Bloc Party se réinvente et de manière folle. Tout en gardant les riffs accrocheurs qui ont fait leurs plus grand succès, l’ambiance musicale créée est véritablement massive : puissance électrique (« Ares »), rythmes effrénés et saccadés (« Mercury »), émotions noires, douceur mélancolique (le sublime « Signs »), production poussée à l’extrême sont autant de baffes prises jusqu’au 6 minutes d’atterrissage progressif que constitue « Ion Square », symbole grandiose de l’ambivalence et donc de la richesse du groupe.
2) MGMT – Oracular Spectacular
Autre grande baffe. Cet album est juste indescriptible : grande épopée de 2 mômes de Brooklyn perdu entre insouciance de la jeunesse, rêve de gloire et désir de changement (« The youth is starting to change… »), ils nous offrent un amas musical incroyablement riche et fascinant avec des tubes interplanétaires comme « Time To Pretend », « Kids », « Electric Feel ».
3) The Kills – Midnight Boom
Je confesse volontiers, comme Adrien, être absolument fan de l’érotisme et de la sensualité dégagés par Alison Mosshart :p. Toujours le même schéma boite à rythmes-voix-guitare mais toujours aussi intense. Ambiance glamour, rythmes et riffs percutants sont encore gages d’efficacité totale.

4) Black Kids – Partie Traumatic
Black Kids, c’est doux. Black Kids, c’est frais. Mais Black Kids, c’est vraiment pas de la merde. Emprunt d’euphorie pop naïve, rock léger voire un peu « monde magique d’Alice aux pays des merveilles », l’album s’avère incroyablement dansant, remuant et finalement foutrement entraînant. Une petite cure de jouvence.

5) TV on the Radio – Dear Science
Arrivée in extremis dans le classement, TV on the Radio fait partie de ces groupes insaisissables, innovant sans cesse et naviguant entre les constellations musicales (de la soul à l’électro en passant par la pop) qui pondent des OMNI (Objet Musical Non Identifié) aussi frappant qu’un roulette-doublecontact-frappepointue-but de Gourcuff (re-ami parisien… c’est bon, c’est la dernière). J’en prends l’énorme « Stork and Owl » comme témoin.

En ce qui concerne les « j’peux pas mettre tout le monde mais… » : Late of the Pier, CSS, Portishead, Vampire Weekend, The Notwist, dEUS, Fleet Foxes et The Raconteurs.

Rap français
1) Ekoué – Nord Sud Est Ouest
Plus subversif que jamais, Ekoué, le rappeur de la Rumeur, diplômé de Sciences Po (sisi c’est possible…), se lance dans une carrière solo et vient cracher à la gueule du rap system et aborder les sujets qui fâchent dans notre belle France. Un règlement de compte jouissif emmené par des lourds beats. Sous les pavés, la rage et un des maîtres du rap underground.
2) Kery James – A l’ombre du show bizness
Tout n’est pas brillant dans cet album en effet mais « Banlieusards », « En sang ble », « Le combat continue part III » ou encore « l’impasse » sont déjà des gros classiques. En plus le clip de « X&Y » réalisé par Matthieu Kassovitz a salement la classe. Et un petit prêche du sage Kery n’a jamais fait de mal…
3) Sefyu – Suis-je le gardien de mon frère ?
« Yo, j’me présente Molotov, undercover… SéSéSéSéSéSéSéSéSéSéSéSé…..SEFYU !». La grosse voie métallique de Sefyu, le gros flow unique de Sefyu, les grosses punchlines de Sefyu, les gros jeux de mots de Sefyu, bref du gros Sefyu. Et un rap, entre égotrips et tacles sociaux, loin d’être con au final. « Si solidaire même de mon chien même en galère du whiskas ».
Pensées pour l’album de McTyer qui est sorti tard, que je n’ai pas encore écouté en entier mais qui s’annonçait très bon, dans la lignée du traditionnel album hardcore qui suinte comme il faut le béton. De même pour Rohff. Encore du mal avec B20 par ailleurs.
Pour ce qui est du rap US, j’ai bizarrement écouté peu d’album en entier durant 2008. Donc difficile de faire un top. Etant un grand fan de Pharell Williams je vais citer naturellement N.E.R.D avec Seeing Sounds (« Allllll theee giiiiirls standing iiin theee liiiine for the bathroooooom » = hymne durant cet été). Il y a aussi Untitled de Nas. Bien sur, on est à des kilomètres de la puissance d’un Illmatic ou d’un I am mais il y a quand même des chansons qui valent le déplacement (« Queens get the money » par exemple). Impossible d’échapper a Lil’Wayne également. Le dernier de Ludacris est pas mal tout comme celui de Beat Assaillant et, contrairement à la critique et aux avis positifs, j’ai été relativement déçu par l’album de T.I, et je lui préfère 20 fois T.I vs Tip. Enfin, Common a pas mal changé son trip mais quelques morceaux sont assez frais.

Best of electro
1) Depth Affect – Hero Crisis
Un son électro hip-hop totalement innovateur, massif, éclaté, saccadé mais qui amène à des années lumières de la planète Terre. Les sons partent en couille, rien n’est rationnel et pourtant tout semble homogène, mélodique. Les bribes de paroles sont charcutées au hachoir, des tempêtes de synthés balayent l’horizon. Des montées frénétiques, des breaks impromptus, des sons qui jaillissent de toute part et nous, spectateurs lyriques d’un trou noir musical qui aspire tout sur son passage, avons juste à contempler ce magnifique chaos. Simplement indispensable.
2) Burial – Untrue
Je déroge à la règle, Untrue est un album d’électro-dubstep sorti fin 2007. Mais bon c’est mon mien classement donc je le mets si je veux. Couches de musiques venues de très loin, de très haut sur lesquelles viennent se greffer des voies douces et samplées, les morceaux de l’album sont étouffés, intimistes, délicats et transportent dans une sphère totalement sereine et protectrice.
3) Ratatat – LP3
Même incompréhension devant une presse qui boude cet album. Même s’il reste en dessous de Classics ou du premier album éponyme du groupe, Ratatat invente clairement un putain de style totalement en marge de tout ce qui peut être écouté. Et puis sur LP3, il y a quand même des bombes du type « Mirando » ou « Shempi » qui valent largement l’investissement.
4) Justice – A cross the universe
San Francisco, le rêve américain, son crado, ambiance énorme, remix de morceaux qui déglinguent (DVNO donne envie de sauter partout et Stress fout les jetons). Un live électro bien rock qui sent le dégueulasse, ultra épique.
5) Metronomy – Nights out
Musique électro-robotique sur laquelle des machines chialantes et des voix d’humains automatisés viennent se poser. Au final, des morceaux aux ambiances diverses bien dynamiques et sympatoches.
Pensées pour Nightmare on wax, Scuba, Magnetic, Lindstrom.

Le “J’sais pas trop où les mettre, j’les mets là mais flemme d’expliquer » : Keziah Jones, Mattafix, Tellier, Aaron, Hushpuppies.
Le terrible « j’ai aimé en 2008 et j’assume » : Zaho, Kate Ryan, September… sans commentaires.
Cartons rouges de l’année 2008 : Christophe Maé, High School Musical, « C’est beau la bourgeoisie qui boit du champagne ». Insupportables, ma sœur a mangé des gifles…
L’année 2008 en chansons :
- Scuba – Tell Her
- Burial – Archangel
- Ratatat – Mirando
- Depth Affect – Junior International
- Depth Affect – Dorothea Land
- The Kills – What New York Used To Be
- TV On The Radio – Stork And Owl
- Bloc Party – Signs
- Late Of The Pier – Heartbeats
- Black Kids – I’m Not Gonna Teach Your Boyfriend How To Dance With You
- Ekoué – Sous les pavés la rage
- MGMT – Time To Pretend
- Four Tet - Swimmer
- CSS – Jager Yoga
- Pluxus – Transient
- Sefyu – Molotov IV
- Nneka – Heartbeat
- N.E.R.D – Time For Some Action
- Muse – Megalomania Live au Robert Royal Hall (avec l’orgue, grandiloquence suprême)

Julien //

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