lundi 5 janvier 2009

La minute nécessaire de Ramzi


Derrick’s not dead !

Les révisions de partiels sont l’un des rares moments douloureux de la vie d’étudiant, et il s’avère que nous avons traversé cette période déplaisante voici quelques semaines. Pour bien comprendre ce qui va suivre, il faut vous replonger dans l’état d’esprit correspondant. Pour ça rien de plus simple, au choix : pincez vous très fort, mordez vous la langue ou retournez vous un ongle. Si c’est fait, nous pouvons poursuivre. Alors que je m’adonnais donc aux joies de la capitalisation et autre actualisation financière avec mon « ami » Pierre Vernimen vint le moment de me reposer quelque peu. C'est-à-dire, en gros regarder des extraits de concerts sur Youtube ou voir ce qui a bougé sur Facebook – on se contente de peu en période de partiels - avant de se replonger, non sans amertume dans le premier exercice venu comportant des mots aussi poétiques que « amortissements dégressifs », « excédent brut d'exploitation », et autre « valeur nue d'une obligation convertible ». Et, c’est durant l’une de ces déambulations « webesque » que j’apprends la terrible nouvelle : Horst Tappert, l’acteur jouant l’inspecteur Derrick est décédé !

Cet événement me dévaste, non que je sois un fervent admirateur de l’inexpressif policier mais je me trouve à ce moment dans un état émotionnel instable dû aux raisons citées plus haut. Or, cet individu a bercé – et le mot est bien choisit – notre enfance à tous. En effet, que celui qui ne l’a pas évité en zappant adroitement les après-midi me jette la première pierre. J’imagine que vous vous demandez actuellement, et à juste titre, ou je veux en venir avec cette drôle d’introduction. Je vous rassure, vous êtes toujours en train de lire le blog de polyphony qui a trait à la musique, justement j’y viens. Je reprends donc le fil de ma divagation.

Bouleversé par la terrible disparition je décide de me changer les idées en allant faire de la guitare dans le square en face de chez moi qui est vide à cette heure. Mais, et c’est là toute la subtilité de mon propos, nous sommes le 15 décembre et il fait extrêmement froid. Si je peux donner un conseil aux guitaristes qui nous lisent : ne jouez pas lorsque le mercure est trop bas. Encore moins en public. Vous passeriez immanquablement pour un débutant. Le vent du nord qui vous caresse douloureusement le visage agit, en effet, comme une machine à remonter le temps qui vous rappellera des sensations oubliées. Concrètement cela se traduit par la perte de sensations et un engourdissement des mains. Il devient difficile de sentir le médiator, mais ce n’est pas le plus ennuyeux. Il devient également ardu de presser les cordes aux bonnes frettes car votre main répondra moins précisément qu’à l’accoutumé. De plus, si vous devez presser une corde durant une longue période vous passerez par deux stades. Dans un premier temps, votre doigt deviendra insensible et il vous deviendra difficile de changer de position. Je m’explique, inconsciemment vous ne saurez plus à quelle position se trouve votre doigt (la corde que vous pressez à une certaine frette) puisque vous ne le sentirez plus, donc vous ne pourrez pas évaluer correctement la distance séparant votre position actuelle de la nouvelle que vous souhaitez atteindre (vous suivez ?). Mais, si vous continuez à maintenir la pression vous dépasserez ce stade pour accéder à une sensation que vos doigts épaissis par la corne auront oublié depuis bien longtemps : la douleur. Eh oui, la larme qui coulera sur votre joue ne sera pas le seul fruit de la très forte impression de perdre l’une de vos extrémités, mais également le reliquat d’un passé proche, heureux et oublié. Quel que soit votre sentiment, aussi lyrique soit-il, force vous sera de constater qu’il est quasiment impossible de jouer correctement dans ces conditions. Une seule solution : ranger sa guitare et retourner éternuer tristement sur sa calculatrice... mais au chaud.

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